mercredi 25 février 2009

Julie, tu charries un pneu!

Depuis quelques jours, la température s'adoucit, la neige fond, à tout le moins sur les grandes routes urbaines et périurbaines. L'asphalte s'assèche et fait monter en nous l'irrésistible envie de rouler. Pourtant, je ne saurais trop vous conseiller de patienter jusqu'au 16 mars avant de succomber à vos bas instincts. Même si les routes devenaient soudainement tout à fait praticables.

Je dis «bas instincts» à dessein, car, selon les termes de la nouvelle loi sur l'obligation d'installer des pneus d'hiver sur les véhicules de promenade entre le 15 décembre et le 15 mars, les motos sont chassées des routes durant cette période. Rendues illégales. Pour la simple et bonne raison qu'il n'existe pas de pneus d'hiver pour les motos, pour l'instant. Je sais que beaucoup d'entre vous tombent des nues en lisant ceci. C'est complètement ubuesque. Mais ça se passe ici, chez nous. Et nulle part ailleurs. Les libéraux peuvent se vanter d'avoir réalisé la société distincte — à ce chapitre en tout cas —, chère aux péquistes.

Et, une fois de plus, nous devons cette loi loufoque à Julie Boulet, «La pharmacienne de St-Tite», députée de Laviolette et, malheureusement pour nous, ministre des Transports. Il faudrait réfléchir un peu plus sérieusement quand vient le temps de voter... Surtout quand on commet deux fois d'affilée la même erreur. Mais ça, c'est une autre histoire. Une que je vous raconterai un autre jour...

Même si on limitait l'application de cette loi aux autos et aux camions, elle ne tiendrait pas vraiment la route. À moins d'affirmer une volonté délibérée d'enrichir les manufacturiers de pneus et les propriétaires de garage, on ne voit pas vraiment la nécessité d'un tel règlement. D'autant qu'une vaste majorité d'automobilistes québécois, en ville comme en campagne, utilisaient déjà des pneus d'hiver. Si l'enfer est pavé de bonnes intentions, les routes du Québec sont pavées de mauvaises dispositions.

Qui plus est, les statistiques officielles de la SAAQ ne démontrent aucune hécatombe motocycliste durant cette période de l'année. Et ce, depuis des lustres. Si Mme Boulet cherche à nous protéger de nous-mêmes à tout prix — comme si on était assez stupides pour rouler sur des routes glacées —, pourquoi a-t-elle pris la peine de prévoir une exemption dans le règlement pour les motos de police? La vie des policiers à moto vaut-elle moins que celle du citoyen lambda (S.V.P., ne répondez pas à cette question purement rhétorique) pour que la ministre les autorise à prendre des risques indus — c'est-à-dire se servir de leur jugement, ce qu'elle nous refuse — au péril de leur vie? Si c'est le cas, elle fait preuve d'un cynisme sans bornes.

Au cours des dernières semaines, plusieurs motocyclistes téméraires — ou devrait-on dire des délinquants notoires? — ont goûté à la médecine de «La pharmacienne de St-Tite» et ont reçu des contraventions allant de 100$ à 200$ selon les rumeurs pour avoir osé rouler — ô crime odieux — sur nos routes durant la période bannie.

Si vous êtes dans ce cas-là, je vous conseille de contacter le Comité d'action politique motocycliste (CAPM) au 514-253-2276 ou encore S.O.S. Ticket (service payant) et de leur fait part de votre mésaventure. Car il semblerait, selon Me Éric Lamontagne, avocat en chef de S.O.S. Ticket, qu'il soit possible de contester avec succès ces billets d'infraction. En effet, bien que le ministère des Transports affirme que les motos sont assujetties aux mêmes règles que les voitures, dans l'article 440.1. le Code de la sécurité routière (CSR) définit les véhicules de promenade comme des véhicules automobiles et ne fait nullement mention des motos... On pourrait donc plaider que celles-ci ne sont pas incluses dans les véhicules de promenade au sens strict du Code de la sécurité routière.

Comment en est-on arrivé à de telles inepties? N'y a-t-il personne au gouvernement qui soit suffisamment intelligent ou influent pour mettre un frein à la mégalomanie de Julie? À sa boulimie réglementaire? À sa crise de «sécurite» aigue? J'ai hâte de voir la réaction des juges qui vont devoir statuer en cas de contestation. Ça risque de valoir le déplacement.

Tout ça me rappelle une citation fort à propos d'Arthur Adamov, un des initiateurs du Théâtre de l'absurde : «L'homme ne saurait connaître la loi, mesurer ses limites, qu'en passant outre.» Voilà qui mérite réflexion. Et nous fournit une voie à explorer si on veut contester ce règlement stupide. Entre le 15 décembre 2009 et le 15 mars 2010?

vendredi 13 février 2009

Rien ne va plus!

Jusqu'à tout récemment, j'avais confiance dans les institutions et je pensais que nos élus travaillaient au bien-être général de la société. Qu'il s'agissait de gens foncièrement honnêtes et intègres qui, comme les fonctionnaires qu'ils nomment ou engagent, respectaient les lois et le processus démocratique grâce auquel ils ont été portés au pouvoir.

Aujourd'hui, je me questionne. Je voudrais toujours être légaliste et optimiste, mais divers événements, comme les déboires financiers de la Caisse de dépôt et placement du Québec ou les malversations de certains courtiers — les affaires Jérôme Kerviel (Société Générale) et Bernard Madoff (Wall Street) ont révélé des pratiques frauduleuses de très grande envergure et mis en lumière les failles d'un système que l'on croyait à toute épreuve —, me plongent dans un cynisme qui ne m'est pas coutumier. Elles montrent que ces gens qui ne rendent de comptes à personne et ne peuvent être tenus responsables de leurs erreurs sont éminemment dangereux. D'autant qu'aucun système de prévention ne semble avoir été mis en place pour les empêcher de nuire au bien public.

Mais c'est le scandale des feux de circulation truqués en Italie qui a achevé d'enfoncer le clou dans le cercueil de mes illusions. Que des élus municipaux, des administrateurs publics, des policiers et des juges puissent sciemment mettre en place un système d'extorsion caractérisé des usagers de la route, au mépris des lois qu'ils promulguent ou qu'ils sont chargés de faire respecter, me révolte au plus haut point. Je veux bien reconnaître que ça ne se passe pas chez nous, mais dans un pays où la corruption et la magouille sont monnaie courante. Pourtant, le fait est révélateur de la perversion d'un système mondial qui soutient l'industrie mondiale à grand renfort de milliards et met des millions de travailleurs en faillite. Qui fait financer l'incompétence des ténors de la grande industrie et de la haute finance internationale — ses plus ardents défenseurs — par les sans-le-sou qui souffrent le plus de cette situation dont ils ne sont malheureusement pas responsables. Quand on en vient à émettre plus de 100 000 contraventions illégales qui auraient fait rentrer plus de 130 millions d'euros (environ 200 millions de dollars) dans les caisses des villes scélérates, on doit être considéré comme un bandit de grand chemin. Et puni comme tel. J'ai hâte de voir si la justice italienne va avoir le courage de punir certains de ses membres. Franchement, j'en doute.

Ici, les mauvais investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec vont priver les contribuables québécois de près de 38 milliards de dollars. «C'est pas des peanuts!» comme on dit couramment. Un bas de laine que les travailleurs de la Belle Province ont constitué à force de sacrifices et de contributions — pas toujours volontaires — pour assurer leur retraite et financer leurs services sociaux. Aujourd'hui, ceux qui approchent de leur retraite ne savent pas s'ils pourront jouir du revenu de leurs épargnes... et c'est encore pire pour les plus jeunes qui devront certainement travailler jusqu'à leur mort (et peut-être même après...). Et je ne parle pas de la santé, de l'éducation et des autres secteurs qui vont être touchés par cette crise sans précédent.

Du côté de la SAAQ — un des «plus petits» gros déposants publics —, c'est un trou de 8 milliards que les usagers — encore eux — vont devoir éponger. Quand on constate les conséquences de la ponction de 2 milliards que le gouvernement a faite dans le fonds de la SAAQ en 1988 et 1995, on peut s'inquiéter pour notre avenir. Certains spécialistes estiment qu'il faudrait augmenter le coût des permis ou des immatriculations des véhicules de cinq millions d'usagers de la route — automobilistes et motocyclistes inclus — de 60$ par année, pendant 10 ans pour revenir à l'encaisse prévue par la loi. Ça, c'est seulement si les «génies financiers» de la Caisse ne font pas d'autres conneries d'ici là. Ou si on n'a pas sous-évalué celles qu'ils ont déjà faites. Ce à quoi un responsable de la SAAQ a répondu : «C'est sûr que cela va faire mal... mais les résultats d'une mauvaise année ne sont pas une catastrophe». Avouez qu'on nous prend vraiment pour des tartes! Et que le mépris de certains administrateurs publics est sans borne.

Malgré cela, le gouvernement — qui est le représentant élu des Québécois, je vous le rappelle — ne peut même pas intervenir et congédier les administrateurs incompétents de la Caisse. On nage en pleine comédie ubuesque. Preuve ultime que rien ne va plus... Faites vos jeux! Et priez pour gagner au Lotto 6/49. C'est peut-être votre seule chance de vous en sortir. Dans le pire des cas, vous contribuerez à enrichir Loto Québec... et renflouer les caisses de l'État, indirectement.