La passion est mon moteur, le plaisir mon carburant, l'amitié ma nourriture spirituelle. Sur la route, comme dans ma vie quotidienne. Alors, quand la vie déraisonne, qu'elle me confronte à la maladie, à l'absence des êtres aimés, à l'éloignement, au spleen, il me suffit de mettre le contact et de répondre à l'appel du large. Je reprends la route pour me perdre ailleurs, me noyer dans l'océan de mes souvenirs passés et futurs. Une excuse parfaite pour retremper ma plume dans l'encre de ma passion.
Là, je reviens d'une semaine de rêve à Barcelone, ponctuée par trois jours de roulage inoubliables sur le magnifique tracé du circuit de Catalunya. Trois jours passés avec une équipe étonnante au sein de laquelle les valeurs humaines sont placées sur un plan d'égalité avec les valeurs professionnelles (service à la clientèle, compétence, expérience, dévouement…). C'est assez rare pour le souligner.
«Une amitié née des affaires vaut mieux qu'une affaire née de l'amitié,» disait David Rockfeller. Ce en quoi j'aurais tendance à être d'accord avec lui. Personnellement, j'espère sincèrement que ce séjour me permettra de tisser des liens d'amitié et de travail durables avec ces passionnés avec lesquels j'ai ressenti une connivence extraordinaire.
Ce voyage a également été l'occasion de faire une rencontre impromptue. En effet, en cherchant mon nom sur la feuille des temps, je suis tombé par hasard sur celui de Philippe, un ami virtuel, membre d'un groupe Facebook auquel j'appartiens aussi. L'occasion de mettre une âme sur un visage et de vivre un moment d'éternité avec lui. Au détour d'une discussion à bâtons rompus, nous nous sommes découvert des atomes crochus. Nous avons partagé nos expériences, comparé nos chronos et échangé nos petits secrets au sujet du tracé, tout en sirotant un café sur le bord de la piste. Philippe est Basque, ce qui ne gâte rien. Techniquement, on est presque «pays»! Le Sud-Ouest (plus particulièrement les Landes et le Pays Basque) c'est ma région d'adoption et de cœur. Et comme Philippe habite à moins de 60 km de chez mes frères, je ne manquerais sûrement pas d'aller trinquer ou manger avec lui lors de mon prochain passage dans la région. On est donc appelé à se revoir.
Je vous l'ai certainement déjà dit — je sais, j'ai tendance à radoter en vieillissant —, mais j'ai besoin de bouger pour me sentir vivant. De voyager, à moto de préférence. Car il n'existe aucune autre mode de locomotion qui me transporte de cette façon. J'ai besoin de routes de rêve, de pistes de course, de panoramas exotiques, de motos mythiques pour apprécier la vie. J'ai besoin de me mettre en danger, ou en déséquilibre, à tout le moins, pour avoir le sentiment que ma vie à un sens et mérite d'être vécue. Mais j'ai aussi besoin de la présence de mes proches et de mes amis pour écrire le livre de ma vie au plus-que-parfait. Et à ce sujet, je dois reconnaître que la vie me gâte. J'ai des amours et des amitiés fidèles; pas des centaines, comme sur Facebook, mais quelques dizaines. Des âmes sœurs, des complices, des confidents. Des gens triés sur le volet et qui m'aident à traverser la vie sans vieillir trop vite.
Comme le dit ma maxime préférée: «On n'arrête pas de rouler parce qu'on devient vieux, on devient vieux parce qu'on arrête de rouler!» Mais, dans cette citation, on pourrait facilement remplacer le verbe «rouler» par le verbe «aimer», sans changer fondamentalement son sens. En ce qui me concerne, les deux verbes sont intimement liés. Et je ferais tout pour ne pas vieillir trop rapidement.