samedi 5 janvier 2008

Le Dakar 2008 est annulé


Une annulation lourde de conséquences
par Didier Constant

L'édition 2008 du Dakar a été annulée pour des raisons de sécurité, sous les pressions du gouvernement français. L'assassinat de quatre touristes français le 24 décembre dernier et les rumeurs d'attentat par une cellule mauritanienne d'Al-Qaïda faisaient peser de lourdes menaces sur le Dakar. Au-delà de l'intérêt que l'on porte au célèbre rallye, et que l'on y soit favorable ou non, on doit se questionner sur les conséquences de cette annulation. En effet, le fait d'avoir cédé à l'intimidation créé un précédent dangereux dont les grands événements sportifs, culturels et politiques pourraient avoir à subir les contre-coups dans l'avenir.

Céder au chantage d'Al-Qaïda motive ceux qui cultivent la terreur. Ça leur donne une crédibilité qu'ils n'ont jamais eue en plus de leur fournir une tribune planétaire, gratuite de surcroit. Le meilleur moyen de contrarier, de combattre le terrorisme est d'y faire face, de ne pas abdiquer devant ses menaces. En 2000, les organisateurs du Paris-Dakar l'avaient compris. Ils avaient alors organisé un gigantesque pont aérien pour contourner la Libye dont la traversée du territoire était compromise par des menaces terroristes. Pourquoi aujourd'hui, A.S.O. (Amaury Sport Organisation) n'a-t-il pas mis en place un plan B qui aurait permis de bypasser la Mauritanie - quitte à diluer le volet sportif de l'évènement - et de présenter cette 30e édition à laquelle 551 voitures, motos et camions ainsi que les 314 véhicules d'assistance étaient inscrits?

En cédant aux menaces terroristes, l'organisation du Dakar a remis en cause toute la crédibilité de l'épreuve. Quand le directeur de la course, Etienne Lavigne, déclare: «Le Dakar est un symbole, et rien ne peut détruire les symboles. L’annulation de l’édition 2008 ne remet pas en cause l’avenir du Dakar», je pense qu'il essaie de se convaincre lui-même du bien-fondé de sa décision. Car, que le rallye se tienne à l'avenir en Amérique du Sud, comme en font état des rumeurs persistantes, ou ailleurs, ne changera rien à la réalité. Pour tous les groupuscules terroristes du monde, le Dakar et son organisation resteront ceux qui auront les premiers mis le genou à terre devant la terreur. Les FARC et autres mouvements révolutionnaires sud-américains sauront s'en souvenir si d'aventure le raid foulait leurs terres.

Tous les autres rallyes (Atlas, Tunisie, Pharaons, Paris-Pékin...) ont fini par sombrer dans l'anonymat ou tout simplement disparaître, faute de couverture médiatique ou en raison des difficultés géopolitiques auxquelles ils étaient confrontés. C'est maintenant au tour du Dakar et de toutes les épreuves de sports motorisés d'envergure (F1, WRC, MotoGP, WSBK...) de craindre pour leur pérennité. En plus de ne pas avoir la cote auprès du grand public, de faire face aux menées des mouvements écologistes ou des différents groupes de pression ainsi qu'à la désaffection des commanditaires, ces évènements deviennent maintenant la proie des terroristes. Comme les Jeux Olympiques, la Coupe du Monde de Football, voire le Superbowl. Heureusement pour nous, le hockey n'est pas assez populaire hors du Canada pour craindre pour son avenir. La Coupe Stanley n'a donc rien à craindre... Pour l'instant!

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