mardi 30 mars 2010

Le numéro de la «Bête»


Ce matin, j'ai reçu ma carte de membre de la VRRA (Vintage Road Racing Association), la principale association de courses de motos classiques au Canada. Ma première licence de coureur pro. À un âge où la plupart de mes congénères pensent plutôt à collecter leurs primes de Liberté 55 et à se la couler douce dans les mers du Sud. Ou bien à déménager leurs pénates dans un chalet des Laurentides, dans une maison de Charlevoix ou encore dans une vieille grange retapée du Bas-du-Fleuve. Vous avouerez qu'il faut être maso... ou avoir perdu quelques neurones pour se lancer dans une telle aventure à mon âge.

Lors de mon inscription, j'avais réclamé le numéro 13 — c'est mon chiffre fétiche, celui du jour de ma naissance, mais aussi le titre d'une compilation du groupe rock The Doors, sortie en 1970, que j'adore — ou le 130, au cas où mon premier choix n'aurait pas été libre. Mais c'est mon troisième choix, le 666, que j'avais demandé par dérision, ou pour faire le malin, qui m'a été attribué. Pour ceux qui ne le savent pas, 666 c'est le numéro de la Bête — lire l'Antéchrist, ou Satan — dans l'Apocalypse de Jean, chapitre 13, verset 18.

Pour les mélomanes, 666 est le titre d'un double album du groupe Aphrodite's Child (composé de Vangelis, Demis Roussos, Lucas Sideras et Silver Koulouris), publié en 1972. Un groupe mythique du rock progressif à qui on doit les mégas succès Rain & Tears et It's Five O'Clock. C'est aussi le titre indirect de l'album d'Iron Maiden, The Number of the Beast. Des références musicales que je ne renie nullement. Et grâce auxquelles je me sens malgré tout en bonne compagnie et pas tout à fait ridicule.

Toujours est-il que le 666 ornera le carénage de la «Bête» avec laquelle je tenterai de défendre mon honneur — entendez par là, ne pas finir dernier — dans la classe F1, Période 4, de la VRRA.

La moto que j'ai choisie pour accomplir cet exploit est une Yamaha FZ 750 1987 qui affiche près de 45 000 km au compteur. Même si elle a été bien entretenue, elle réclame un peu d'amour et beaucoup de soins. Esthétiques et mécaniques. Heureusement, plusieurs amis doués de qualités et de talents qui me font défaut, en ce qui a trait à la mécanique ou la peinture, m'ont proposé de m'aider dans ma quête de gloire et de fortune.

Si j'avais été riche, j'aurais choisi une moto plus ancienne, plus prestigieuse. Une Italienne rare et sensuelle, comme une Aermacchi Ala D' Oro 350, une MV Agusta 750S, une Ducati 900SS, une Moto Guzzi Le Mans 850 Mk1, voire une Laverda 750SF. Ou encore une Japonaise mythique, entendez une Honda CB750 Four ou une Kawasaki 750 H2 coursifiées. Mais pas une Anglaise. Ce n'est pas trop ma tasse de thé, même si je reconnais que les machines d'exception venant de Grande-Bretagne sont très recherchées.

En fait, j'ai choisi la FZ 750 car elle a été lancée à l'époque où j'ai enfin eu les moyens financiers d'acheter mes premières motos neuves et où je me suis totalement investi dans ma passion. Et non plus en dilettante. En 1985, quand la Yamaha a officiellement été présentée au public, je lui ai préféré une Suzuki GSX-R750 flambant neuve, la première hypersportive grand public digne de ce nom. Même si je travaillais alors pour un concessionnaire Yamaha lequel soulignait ma traîtrise chaque matin en me demandant de garer ma moto à l'arrière du magasin, loin du regard des clients. Avec la FZ 750, j'effectue un retour dans le temps, celui de ma jeunesse. Et ça me fait du bien (en plus, ça me coûte nettement moins cher que des séances chez le psy et à défaut d'être efficace, c'est plus plaisant).

Même si quelques généreux mécènes m'ont déjà fait des donations, je vais quand même devoir mettre mes amis et mes connaissances à contribution afin de boucler mon budget (heureusement, j'ai encore quelques photos compromettantes en réserve). À ce propos, si vous avez des surplus budgétaires à dilapider dans les semaines à venir (là je m'adresse aux compagnies), sachez que je suis preneur. Sérieusement! Si vous êtes un particulier et si vous vous sentez l'âme d'un mécène, on peut sûrement s'entendre, en échange d'un t-shirt aux couleurs de l'équipe arborant le 666 dans le dos... Qui sait? Peut-être pourriez-vous même vous joindre à l'équipe motoplus.ca lors d'une des quatre courses que compte le championnat ou d'une journée de roulage sur piste?

Car, quel que soit le calibre des courses auxquelles on participe, l'argent reste le nerf de la guerre. Et la performance coûte cher. Surtout quand on n'a pas le talent d'un Rossi. C'est la nature de la «Bête»!

mercredi 3 mars 2010

Vive les salons!

Le Salon de la moto de Montréal vient de se terminer. Et avec lui la saison des expositions de motos. Dans mon cas, elle a commencé en novembre, à Milan. Le plus beau de tous salons à mon avis. Par sa taille, par le nombre d'exposants qui font le déplacement, par la multitude des produits qui y sont présentés, mais aussi en raison du fait qu'il se tient en Italie. Le pays de la Dolce Vita. De la bonne bouffe — pâtes, risotto, pizzas, tiramisu, tartuffos — et du farniente. Sans parler des bécanes de rêve réalisées par des artisans géniaux et passionnés. De vrais orfèvres spécialistes de la fibre de carbone, de l'aluminium taillé dans la masse et du titane.

Les salons internationaux comme Milan, Cologne ou Tokyo me fascinent. Pour un passionné de moto, c'est le paradis. Comme être enfermé dans une pâtisserie pour un enfant gourmand.

Pourtant, les salons régionaux ont du charme. Et celui de Montréal plus particulièrement, puisqu'il se tient dans ma cour. Si l'on n'y découvre plus de nouveautés depuis longtemps — Internet a annulé l'effet de surprise il y a belle lurette —, c'est une bonne occasion de retrouver des amis et de renouer contact avec de vieilles connaissances. Comme une espèce de réseau social à l'ancienne. Façon 20e siècle. Un Facebook «en vrai» où le virtuel cède le pas au réel. Où les poignées de main remplacent les «pokes». Où les discussions en «live» tiennent lieu de «chats». C'est un peu ringard, peut-être, mais c'est bon. Ça me rappelle le bon vieux temps. Celui où on se réunissait autour d'une table, entre potes, après une arsouille d'anthologie, pour discuter, siroter une bière et faire une bonne bouffe pour célébrer l'instant. En se disant qu'on avait eu chaud. Une fois de plus. Et que c'était bon d'être là. Ensemble.

Le salon devient alors lieu de rencontres et d'échanges. On s'y donne rendez-vous entre amis, entre membres d'une même association. On parle de ses projets. Des «rides» qu'on va faire ou de celles qu'on a faites l'an dernier. Pétage de broue et mauvaise foi sont de rigueur. Le salon c'est comme le bistrot du Joe Bar Team puissance 10. Et c'est le lieu où l'on donne le coup d'envoi de la saison.

J'aime les salons, vous l'aurez compris. Ils sont un moyen de célébrer la passion qui nous unit. Mais aussi réussis soient-ils, ils ne remplacent pas une sortie à moto. Ils ne sont qu'un paliatif. Un moyen de faire passer l'hiver. Et déjà les premières balades s'en viennent…

Au plaisir de vous croiser sur la route.