mercredi 18 mai 2011

Les copains d'abord

Dans quelques jours, je partirai en France avec un groupe d’amis. Ensemble, nous allons assister aux Coupes Moto Légende (CML), au circuit de Dijon-Prenois, avant de prendre part à un voyage à moto d'une semaine dans la Drôme, la Provence et les Alpes. Le paradis sur terre pour les motards...

J'entreprends ce pèlerinage annuel depuis déjà quatre ans et je ne laisserais passer l’occasion pour rien au monde. Cette année, je l'ai planifié pendant des semaines — les préparatifs contribuant autant au plaisir que le voyage lui-même, je dois le reconnaître — et  je l'ai vécu par anticipation en m'assurant que tous les éléments essentiels à sa réussite étaient réunis.

En fait, ce voyage est une excuse pour retrouver mes frères et sœur, mais aussi des amis de jeunesse avec lesquels je partage une passion sans borne pour la moto. Curieusement, même si je suis resté sans nouvelles de certains d'entre eux pendant des années, nous nous sommes retrouvés comme si nous nous étions séparés la veille. Sans pour autant sombrer dans la nostalgie, ni ressasser de vieux souvenirs, comme les anciens combattants. Ce qui me surprend, c'est d'éprouver en leur compagnie une familiarité que je ne ressens pas avec des gens que je côtoie au quotidien, depuis des lustres.

Malgré le temps qui passe, nous partageons toujours cette connivence qui nous singularisait dans notre jeunesse et cette communauté d'esprit qui a fait que nous sommes devenus amis. Aussi, n'ai-je pas vraiment été surpris de constater que mes potes avaient bien vieilli — c'est-à-dire qu'ils sont restés fidèles aux valeurs fondamentales qui m'ont fait les aimer à l'époque — et qu'ils continuaient d'honorer l'amitié que je leur porte. Et réciproquement.

Le miracle, c'est que mes amis, les anciens comme les nouveaux, sont compatibles et s'entendent plutôt bien. Sur l’essentiel, en tout cas. Malgré leurs différences et leurs origines diverses, ils vivent leur passion avec la même intensité et la même authenticité. Il y a quatre ans, nous étions quatre à l’occasion de ces premières retrouvailles dijonnaises. Cette année, nous serons une quinzaine, chacun d’entre nous ayant invité un nouvel ami qui, à son tour, a fait de même. «Les amis de mes amis sont mes amis!» C’est le principe même du réseautage. Il faut dire que les CML sont un événement fantastique. Une occasion rêvée de célébrer l’histoire de la moto, de voyager dans le temps et de remettre au goût du jour des valeurs d’amitié, de partage et de solidarité.

Cette année, Patrick — mon beau-frère — et notre pote Manu, qui viennent d’acheter une moto, nous accompagneront à Dijon avec leurs conjointes... Pat a jeté son dévolu sur une Kawasaki ZZR1200 de 2003, en parfait état, tandis que Manu a renoué avec ses anciennes amours et a trouvé une Suzuki GSX-R 1100 de 1989 — la dernière moto qu’il ait possédée — dans un état de conservation étonnant. Les voir ainsi revenir à la moto — une passion qui ne les a jamais quittés, même s’ils sont restés plusieurs années sans bécane — me fait chaud au cœur et j’aime croire que j’en suis en partie responsable.

« Il n’y pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour » écrivait Jean Cocteau. Une citation que l'on pourrait facilement étendre à l'amitié. Car si celle-ci se mérite, elle s'entretient aussi. Elle se nourrit de gestes et d'intentions qui la font grandir. Comme rouler ensemble jusqu'à la tombée de la nuit, se retrouver autour d’un bon repas bien arrosé et argumenter jusqu'au petit matin, pour le plaisir de discourir plus que pour l'envie d'avoir raison.

À la veille du départ, je ressens une fébrilité certaine. J’espère que, cette année encore, toutes les conditions seront réunies pour que nous passions un moment inoubliable. Et même si je sais que le temps passé ensemble sera trop court, je suis convaincu qu’il sera à la hauteur de mes attentes. Avec de tels amis, comment pourrait-il en être autrement?