vendredi 29 juillet 2011

D-Esso-lé!



Depuis quelques semaines, plusieurs compagnies pétrolières, dont Esso, ont généralisé le paiement express à la pompe. Les raisons pour ça sont sûrement nombreuses et il est même possible qu'elles veuillent ainsi réduire les vols à la pompe ou les défauts de paiement. C'est du moins le discours officiel.


Pourtant, je suis persuadé qu'il s'agit d'un prétexte, comme quand il a été décidé de généraliser les pompes «libre-service» pour se débarrasser des pompistes, il y a quelques décennies. Le risque de déplaire à un grand nombre de clients est potentiellement plus élevé que les pertes découlant de ces défauts de paiement qui doivent être marginales. Mais je peux me tromper, ce n'est pas mon champ d'expertise.


Cependant, les pétrolières ont pris soin de réserver une ou deux pompes par station-service au paiement à la caisse, pour éviter la révolte populaire.


Personnellement, je n'aime pas payer à la pompe avec ma carte de crédit, ou mon Speedpass, ce qui revient au même, à cause des retenues effectuées par les pétrolières, lesquelles peuvent atteindre 100 $ par plein si vous ne prenez pas la peine de spécifier un montant moins élevé lors du processus de préautorisation. Ces retenues qui sont en vigueur durant cinq jours ouvrables peuvent s'accumuler rapidement lors d'un long voyage, au point de mettre celui-ci en péril.


J'ai donc pris l'habitude de repérer ces pompes « normales » et d'y ravitailler. Sauf qu'un matin, en voulant faire le plein d'une de nos motos d'essai, le préposé à refuser de débloquer la pompe en me disant que les motocyclistes devaient payer d'avance, contrairement aux automobilistes, quelle que soit la pompe choisie. Et qu'il s'agissait d'une directive d'Esso.


Là, mon sang n'a fait qu'un tour et j'ai engueulé le caissier si fort qu'il a fini par la débloquer. Vous reconnaîtrez que se faire traiter de voleur par une pétrolière est un comble. Et sentir que l'on est un citoyen de seconde zone, une insulte. En plus, c'est un mauvais calcul de la part d'Esso, car les motocyclistes sont aussi des automobilistes. Parfois même des chefs d'entreprise gérant de larges flottes de voitures et de camions… J'en connais!


Une fois calmé, je me suis senti un peu nul d'avoir ainsi sermonné le caissier. D'abord, il n'y était pour rien et il se fait sûrement exploiter par Esso, lui aussi. En revanche, j'ai pris la décision de ne plus faire affaire avec l'Impériale. Pourtant, je suis un client fidèle depuis plus de 30 ans. Pour mes autos, mes motos et mon domicile.


Non seulement je ne ferais plus le plein chez Esso, mais je dissuaderais tous les motocyclistes que je croiserais de ravitailler chez des gens qui nous méprisent et nous insultent. J'ai même averti mes collaborateurs que je ne rembourserais plus les reçus provenant de chez Esso. Et je ferais la même chose avec toute compagnie pratiquant une telle politique de discrimination.


Je ne vous demanderais pas de démarrer une campagne de boycottage contre Esso et les autres pétrolières qui nous traitent comme des moins que rien, vous ne le feriez sûrement pas. Mais reconnaissez à tout le moins que ça serait bien. Surtout si nous décidions, ensemble, de favoriser un de leur compétiteur plus sympathique à notre cause.


Mais je vais arrêter là mon laïus avant de me faire traiter d'utopiste. Déjà qu'on me traite de voleur… ;-)

mardi 5 juillet 2011

À moto, je me protège!

Hier, en allant chercher une Kawasaki Ninja 250R à Toronto avec mon ami Richard, nous avons été surpris du nombre élevé de motocyclistes qui roulaient sans aucune protection, à l'exception de leur casque. Bien que nous n'ayons pas tenu de décompte précis, je dirais que plus de 80 % des motocyclistes que nous avons croisés se baladaient en short, en t-shirt (parfois torse nu) et sans gants. Plusieurs, même, en sandales. Richard me raconta que durant le week-end, il avait croisé un couple en Goldwing et que la passagère, en plus d'être très peu vêtue, était pieds nus. Peut-être cela vous semble-t-il normal — il faisait très chaud me direz-vous —, mais moi ça me surprend.

Contrairement au mythe qui veut que ce soient seulement les propriétaires de customs qui se promènent en bedaine, les motocyclistes que nous avons croisés ainsi dévêtus pilotaient aussi des sportives, des routières — dont de nombreuses Goldwing, comme si l'énorme carénage pouvait protéger les occupants en cas de chute —, des routières-sportives et même des BMW, dont quelques GS (habituellement, les Béhémistes s'équipent de la tête aux pieds. Les temps changent...).


Dernièrement, j'ai eu l'occasion de constater de visu les dommages qu'une chute pouvait causer. J'ai vu les fesses bleuies, — que dis-je, noircies — d'un ami qui est tombé, en ville et a glissé sur la partie la plus charnue de son anatomie.  Quand il s'est relevé, son jean et son slip étaient en lambeaux et la peau de ses fesses arrachée. Le jean, tout comme la peau non tannée, offre une piètre résistance à l'abrasion, apparemment… Il a dû se rendre à l'hôpital et subir une opération au cours de laquelle le chirurgien a retiré plus de 600 cc de sang de l'hématome.  


Une amie, infirmière à l'urgence de l'hôpital Saint-Luc de Montréal, m'a déjà dit avoir passé des heures à nettoyer les plaies de motocyclistes qui étaient tombés sans protection. À stabiliser les brulures de la peau. À retirer les cailloux et autres débris des chairs sanguinolentes, à la pince, avant qu'il soit possible de soigner, voire d'opérer le patient. J'ose à peine imaginer la douleur que l'on doit ressentir en pareille circonstance.


Depuis l'an dernier, une dizaine d'amis, tous motocyclistes d'expérience, sont tombés, bêtement, sans que ce soit nécessairement leur faute. Et si dans la plupart des cas, ces chutes sont survenues à basse vitesse, les blessures qui en ont résulté étaient tout sauf bénignes. Ce qui m'a convaincu de porter mes équipements de protection en tout temps, et pas seulement quand je fais de la piste ou lors de longs voyages. Désormais, j'ai en permanence ma dorsale sur le dos, des genouillères ainsi qu'un short de protection (coccyx et hanches) sous mes pantalons (habituellement un jean renforcé en kevlar, ou un surpantalons). De toutes façons, j'ai toujours roulé avec un blouson (de cuir, la plupart du temps), des gants et des bottes de moto, quelle que soit la température... Question d'habitude.


Depuis le début de la saison, la SAAQ mène une campagne intitulée «En moto... mieux vaut sauver sa peau!» que je trouve fort à propos. Vous pouvez d'ailleurs consulter le prospectus de cette campagne en ligne, en cliquant ici. Pour une fois que la SAAQ œuvre pour nous, autant le souligner.


Cela dit, je ne cherche pas à jeter l'anathème sur ceux qui roulent en bedaine (chacun est libre de faire ce que bon lui semble, non?), pas plus que je ne leur reprocherais de faire grimper le coût de nos primes d'assurance (d'autres s'en chargeront à coup sûr), mais j'aimerais qu'ils prennent conscience de leur vulnérabilité et des risques de blessures graves qu'ils encourent en ne se protégeant pas adéquatement.  


Ainsi, selon le rapport MAIDS* dont les résultats ont été repris dans une étude publiée par l'ACEM (Association des constructeurs européens de motocycles), un équipement, même succinct, limite considérablement les conséquences d'une chute. Les gants réduiraient les risques de blessures de 93 % à 97 %. Porter une veste ou un blouson offrirait un facteur de protection variant de 70 % (textile) à plus de 92 % (cuir). Même chose pour les pantalons (60 % pour un jean classique, ou des pantalons en textile et près de 96 % pour des pantalons en cuir, un jean moto renforcé ou un surpantalons textile avec protections). Enfin, une paire de bottes de moto en cuir, de bonne qualité, offrirait un indice de protection élevé (plus de 90 %). 


Ces études soulignent également l'importance de bien se protéger les jambes — ce qu'on a tendance à négliger —, car elles sont régulièrement touchées en cas d'accident comme le démontrent les rapports. L'étude préconise aussi le port d'une dorsale pour protéger la colonne vertébrale et d'équipements dotés de coques au niveau des articulations.


L'autre facteur qui ressort de ces études, c'est que la grande majorité des accidents survient en ville, à faible distance de notre domicile et à une vitesse inférieure à 52 km/h. D'où la nécessité de bien s'équiper en ville ou quand on se promène autour de chez soi. Même si le sens commun nous incite à penser le contraire.


Pour le moment, le choix de porter des équipements protecteurs nous incombe. Mais, si nous continuons à négliger cet aspect, les pouvoirs publics pourraient bien décider de légiférer en la matière. Avec tous les excès et toutes les dérives que cela comporte (voir le cas du gilet jaune, en France). C'est une simple question de bon sens. 


* MAIDS — Motorcycle Accidents In Depth Study


Études sur la sécurité
Rapport Hurt (États-Unis)
Rapport MAIDS (Europe)


Articles sur la sécurité
Survivre dans la jungle urbaine
Puissance et accidents: mythes et légendes de la route
Développez un penchant pour les courbes
Rien ne sert de tomber, il faut savoir freiner à temps
Quelques mythes et réalités en matière de sécurité moto

dimanche 3 juillet 2011

Compresser le temps

Votre serviteur à la California Superbike School — Las Vegas, Nevada — Novembre 2010

À motoplus.ca, le mois de juillet est l'un des plus occupés de la saison. Entre les essais, les séances de photo, les événements à couvrir et la planification de la prochaine saison — laquelle approche déjà à grands pas si l'on se fie aux rumeurs qui commencent à circuler sur Internet —, nous n'avons pas un instant pour nous. Je ne m'en plains pas, c'est la vie que j'ai choisie et je l'aime comme ça.


Pourtant, cette année, je devrais aménager cet horaire déjà chargé pour y loger quelques journées de roulage sur piste, un cours de deux jours à la California Superbike School où je vais tenter de compléter les niveaux 3 et 4, un voyage express dans le Bas du Fleuve pour un essai exclusif avec un lecteur désigné par le sort et quelques allers et retours entre Montréal et Toronto. Sans oublier les impondérables qui ne manqueront pas de surgir au moment le moins opportun.


Cependant, j'espère que le temps est élastique, voire compressible, car j'attends la visite d'un ami de France et de sa famille. Et j'ai bien l'intention de passer un maximum de temps avec eux. Suffisamment en tout cas pour leur faire découvrir le Québec. Et profiter de leur présence autant que je le pourrais.


Cette année, l'été sera court — il s'agit d'une lapalissade, au Québec —, mais intense. Il va donc falloir tenter d'en tirer le meilleur. Et compresser le plus d'activités possible dans chaque journée. À moins de rallonger les jours. Ce qui n'est pas gagné d'avance.


Le compte à rebours est lancé! Heureusement, je pourrais me reposer à la fin août, pendant mes vacances... Et faire de la moto, par plaisir pur. Sans horaire, ni contrainte. J'ai hâte!